Fini les bonnes résolutions !

Chaque début d’année, pour un certain nombre d’entre nous, l’heure est aux bonnes résolutions. La liste est longue parfois, ambitieuse souvent, la motivation est là, du moins pour un temps.

Puis arrive le jour où on réalise que cette résolution, on n’a pas su la tenir, et que celle là aussi on risque bien de la laisser tomber. C’est décourageant non ? Démotivant ? Culpabilisant parfois ? Et on repart dans nos schémas mentaux et comportementaux habituels, une farandole de bonnes excuses ou de jugements nous accompagnant pour un temps (”pourquoi je n’arrive jamais à tenir le moindre engagement ?”, “Je ferai ça l’année prochaine, ou quand j’aurai changé de travail, ou quand les enfants seront plus grands”, “C’est tous les ans pareil, c’est la dernière fois que je prends une bonne résolution”…).

Ca sonne familier tout ça ? Ne t’en étonne pas. On ne compte plus les études qui montrent que l’exception, c’est plutôt de les tenir ces fichues bonnes résolutions ! Alors cette année, si on les laissait tomber et qu’on se choisissait plutôt une bonne INTENTION ?

Là où une bonne résolution peut facilement devenir une injonction de plus (et un échec quand on l’abandonne), l’intention elle, est une boussole. Là où les bonnes résolutions sont autant d’injonctions à faire, l’intention peut se vivre comme une invitation à être. Et ça fait toute la différence.

L’intention peut se comprendre comme une attitude, « une disposition d’esprit par laquelle on se propose délibérément un but » pour reprendre la définition du Larousse. Elle répond aux questions suivantes : “qu’est ce que je souhaite cultiver dans ma vie ?”, “comment est-ce que je veux être ou me sentir ?” plutôt que “qu’est-ce que je veux accomplir ?”

La résolution au contraire, se concentre souvent sur l’action et sur un résultat à obtenir. Si la résolution peut être judicieuse au moment où elle est prise, elle s’accompagne souvent d’une certaine fermeté qui laisse moins de place à l’ajustement et peut d’ailleurs faire perdre de vue la raison même pour laquelle elle a été prise.

En communication non violente (oui, on adore ça), on s’applique à distinguer nos besoins (besoin d’amour, d’amitié, de reconnaissance, d’harmonie, de connexion, de confiance, de liberté, de sécurité, etc) des stratégies que l’on peut mettre en place pour nourrir ces besoins (aller au cinéma pour nourrir son besoin de divertissement, voyager pour nourrir son besoin d’aventure, etc).

On peut y voir un parallèle assez direct avec le sujet qui nous occupe :

  • notre intention va plutôt renvoyer à cette notion de besoin : de quoi ai-je besoin ou envie pour l’année à venir ?
  • alors que la résolution s’apparente plus à la notion de stratégie : il faut que je lise un livre par mois, il faut que je fasse un footing toutes les semaines.

Petite précision qui s’impose à ce stade : loin de nous l’idée de te faire renoncer à mettre en place dans ton quotidien des actions concrètes. Se choisir une bonne intention, c’est une première étape précieuse qu’on oublie souvent dans l’euphorie des bonnes résolutions. Ça nous permet :

  • de prendre un peu de recul avant de définir les “bonnes résolutions” adaptées,
  • d’imaginer et de mettre en œuvre tout un panel de stratégies concrètes pour servir nos besoins plutôt que de nous limiter à quelques résolutions gravées dans le marbre du mois de janvier,
  • et surtout, de garder à l’esprit que ces stratégies-résolutions (quel que soit le nom que tu choisiras de leur donner), on peut les faire évoluer si besoin pour qu’elles continuent à nous emmener là où on veut aller.

Et le lien avec l’éco-anxiété dans tout ça ?

Le lien, tout simplement, c’est la conduite du changement.
Une bonne résolution a priori, ça exprime une envie de changement, pas vrai ?
Pour réussir la transition écologique, il s’agit juste de faire changer rapidement environ 7 milliards de comportements.
Et bien l’éco-anxiété, c’est en partie lié à un constat d’échec du changement. À l’impuissance constatée à faire évoluer les comportements et les mentalités, à notre échelle et/ou à l’échelle du monde.

Le changement, il n’y a pas de secret, c’est un processus complexe et ça s’apprend.

L’apprentissage du mois de janvier : c’est que pour changer, les bonnes résolutions, c’est pas la bonne solution. Alors si on veut contribuer efficacement à la transition écologique, autant apprendre dès maintenant à mettre notre énergie dans les bonnes stratégies.

Comment on s’y prend concrètement ?

Maintenant que tu as bien compris ce qu’on entend par “intention” (du moins, on l’espère) et l’intérêt de lui donner la priorité sur nos actions, voyons comment on peut :

  • choisir une intention qui soit cohérente à la fois avec le respect du Vivant mais aussi avec ton lien à l’écologie et ta situation personnelle,
  • s’en servir de boussole pour guider nos choix et actions au quotidien

Tout d’abord, rien de t’oblige à te limiter à une seule intention pour toute l’année 2024. Tu peux très bien choisir de revenir à ton intention régulièrement (une fois par mois, par semaine…) et de la faire évoluer en fonction de ce que tu vis au quotidien. Il peut se passer plein de choses dans une année qui font qu’on a besoin de donner la priorité à une autre intention pour s’adapter aux enjeux du moment présent. C’est aussi ça être à l’écoute de soi.

On te propose donc de partir de ce dont tu as le plus besoin en ce moment. De la douceur, de l’ouverture aux autres, de la créativité ? Essaye de voir quels sont les mots qui peuvent émerger dans ta tête et qui te parlent le plus. On t’invite à amorcer ce premier travail de réflexion avant de te plonger dans la liste ci-dessous.

Puis, tu peux jeter un œil à cette liste qui te propose plusieurs intentions que tu peux aller picorer comme bon te semble si tu manques d’inspiration (liste non exhaustive bien évidemment) :

  • légèreté
  • présence
  • douceur
  • clarté
  • tendresse
  • générosité
  • ouverture
  • acceptation
  • sérénité
  • prendre soin
  • cohérence
  • écoute
  • authenticité
  • liberté
  • émerveillement
  • respect de son propre rythme

Une fois que tu auras choisi une intention qui te parle ainsi que la fréquence à laquelle tu souhaites la revoir, demande toi comment cette intention peut résonner avec l’écologie et comment la faire vivre au quotidien.

Si ça te parle, tu peux la voir comme une boussole. Quand il s’agira de réfléchir aux actions de la vie quotidienne ou de prendre une décision, demande toi si c’est bien cohérent avec cette intention.

En pratique, tu peux, régulièrement, prendre un moment pour passer en revue les événements récurrents ou importants de tes journées et voir si la façon dont tu les vis est cohérente avec cette intention (coucou le crayon et le carnet).

Tu peux aussi inscrire cette intention à des endroits où elle se rappellera à toi suffisamment souvent (porte de placard, frigo, miroir, pc, paquet de céréales du matin…) pour que tu puisses interroger l’adéquation de tes actions avec cette intention au fur et à mesure de tes journées.

Prenons quelques exemples :

Si tu choisis la générosité, demande toi si cela signifie que tu dois acheter plus de cadeaux à Noël, aux anniversaires. N’y a-t-il pas d’autres moyens d’être généreux·se ? On peut par exemple être généreux de son temps, de son attention, de son affection, en offrant plus d’écoute, du temps de présence avec ses proches, en ouvrant son cœur aux autres, etc.

Si tu choisis l’acceptation, cela signifie-t-il que tu dois tout accepter et ne rien essayer de changer ? Peux-tu, au quotidien, t’exercer à distinguer les moments où tu refuses une situation sur laquelle tu n’as pas de prise (et donc apprendre à accepter ce qui arrive) et les moments où tu as de la prise sur ce qui t’arrive (et ainsi décider d’agir sur ces choses-là) ?

Si tu choisis la liberté, tu peux questionner ce que tu entends par “liberté”. S’agit-il de la liberté de pouvoir faire tout ce que tu veux quand tu veux ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une liberté intérieure à cultiver, pour te défaire de ceux qui ont une emprise sur toi, pour te défaire d’un système qui ne te convient plus ? Une liberté de faire des choix qui te conviennent hors des injonctions et normes sociales écocides ? Et concrètement, de quelle norme, de quel comportement, de quelle croyance souhaites-tu te libérer pour commencer ?

L’essentiel, c’est que cette intention te parle, te guide et qu’elle soit alignée avec tes valeurs, tes convictions mais aussi ton humeur du moment, ton énergie, tes besoins, etc.

Bien sur, reste doux·ce avec toi-même. Il ne faut pas que cette intention devienne un fardeau. Parfois tu agiras sans doute en contradiction avec cette intention ou tu seras amené·e à faire des compromis, à négocier avec elle. Ce n’est pas grave du tout. Si tu remarques cela, note le simplement puis continue à faire de ton mieux. C’est peut être aussi un signe que cette intention doit être temporairement revue car elle ne correspond plus aux impératifs du moment.

Finalement, on vous en veut pas trop les bonnes résolutions. Il fallait simplement vous faire descendre de votre piédestal, vous injecter une bonne dose de flexibilité et vous remettre à votre place : au service de l’intention.


Pour aller plus loin

Quelques suggestions pour continuer sur cette lancée :

  • Un atelier en ligne pour clarifier son intention de l’année, animé par Isabelle Giraldo, une super formatrice en éco-facilitation.
  • Un épisode du podcast “Change ma vie”, datant de fin 2022 mais intemporel, se réécoute avec plaisir en chaque début d’année
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