Le grand ménage de printemps : poser les bases du renouveau

Ça y est, on sent enfin le printemps qui arrive à grands pas, et c’est si agréable. Les arbres commencent à fleurir, les jours rallongent. Est-ce que toi aussi tu l’as sentie cette envie irrépressible d’ouvrir grand les fenêtres, d’écouter les oiseaux chanter, de bouquiner sous un arbre ou de faire un pique-nique (zéro déchet) sous un coin de ciel bleu ? Cet élan qui nous pousse à nous reconnecter au monde après quelques mois d’hibernation ?

Pour accueillir cette belle saison et faire de la place à tout ce que tu sens prêt à fleurir en toi (et autour de toi), quoi de mieux qu’un grand ménage de printemps, joyeux et ludique ? C’est le programme de nos trois prochains billets printaniers : étape par étape, on va passer en revue nos vies, nos sociétés pour décider de manière éclairée de ce qu’on veut garder, ce qu’on veut abandonner, ce qu’on veut remplacer.

Le ménage de printemps est bien plus qu’une simple corvée saisonnière. Prendre régulièrement le temps de faire un peu de tri offre des bénéfices dans n’importe quel domaine et situation : y voir plus clair, simplifier, assainir, aérer, réorganiser ses priorités. Autant d’atouts pour garder (ou ajuster) son cap, alléger le contenu de son sac à dos et avancer d’un pas leste et assuré.

Dans le contexte actuel de polycrises et de changements rapides, les bénéfices de cet exercice sont plus que jamais les bienvenus. Pour aller de l’avant, il faut faire de la place. Quand tu prépares tes bagages, tu as au préalable sorti de ta valise ce que tu y avais mis pour le voyage précédent, non ? Pour la transition, c’est pareil, à un moment, il faut vider nos valises de tout ce qui les alourdit inutilement.

Prenons donc un moment pour :

  • questionner nos modes de vie à la lumière des enjeux socio-environnementaux,
  • dépoussiérer toutes les ressources précieuses pour la transition (et pour notre équilibre, l’un ne va pas sans l’autre) que nous avons oubliées au fond de nos armoires,
  • remercier gentiment tout ce qui nous aura sûrement servi à un moment de notre vie mais qui n’est plus pertinent aujourd’hui.

Vaste programme ! On te propose de procéder en trois temps : décider || trier || ranger.

Ancrer sa décision

La première étape est clé : c’est le processus de décision. Processus, car il s’agit de prendre le temps de faire mûrir cette décision et d’affermir ta volonté d’aller au bout de ce grand ménage de printemps :

  • en précisant les raisons pour lesquelles c’est important pour toi et les bénéfices que tu peux en tirer,
  • en expérimentant au quotidien les effets qu’ont sur toi tes relations aux objets, personnes, idées auxquels tu es attaché·e,
  • en gagnant en clarté sur ce que ça implique concrètement de faire le tri : les moyens à ta disposition et les étapes à suivre pour maximiser tes chances d’aller au bout de ce chantier

De la qualité de l’intention que tu mettras dans cette décision dépendront ta motivation et ta détermination à le faire.

Ok, mais qu’est-ce qu’on trie au juste ?

Dans un épisode du podcast “Dites à l’avenir que nous arrivons”, Sandrine Roudaut parle de l’urgence de se débarrasser de nos liens d’aliénation. Ça nous a semblé être un bon point de départ pour cette réflexion.

Démarrons par une petite définition (tu commences à nous connaître) : qu’est ce que c’est l’aliénation exactement ?

D’après le Robert, il s’agit d’un “processus par lequel l’être humain est rendu comme étranger à lui-même”. C’est l’état de l’individu qui, par suite des conditions extérieures (économiques, politiques, religieuses…), cesse de s’appartenir, devient esclave des choses.

Et le Larousse d’ajouter, il s’agit de la “situation de quelqu’un qui est dépossédé de ce qui constitue son être essentiel, sa raison d’être, de vivre.”

Il est où le rapport avec notre propos ?

Au fur et à mesure de nos aventures de vie, nous créons des liens d’attachement à des “objets” de natures très différentes :

  • des croyances, des systèmes de pensées, des attentes
  • des être vivants, humains ou non-humains (nos relations)
  • des objets que nous possédons, des technologies que nous utilisons
  • des comportements, des habitudes, des modes de vie

Or, du lien à l’aliénation, il n’y a qu’un pas.

Sandrine Roudaut nous invite ainsi à distinguer, parmi tous les liens que nous avons tissés :

  • les liens qui déconnectent de ceux qui connectent (tu le vois arriver le moment de questionner l’usage que tu fais des réseaux sociaux ?)
  • les liens qui limitent et entravent de ceux qui libèrent et ouvrent des perspectives
  • les liens qui nous éloignent de nous-mêmes, nous empêchent d’être alignés et ceux qui nous poussent à renouer avec notre humanité
  • la dépendance subie (celle qui asservit et confisque la capacité d’action) ou celle délibérément choisie (qui reconnaît et s’appuie sur les complémentarités de chacun·e pour créer une puissance collective et construire la résilience)

Une partie du tri se fait assez naturellement : on ne marche plus avec les chaussures de nos 4 ans, on n’a pas les mêmes goûts vestimentaires qu’à nos 15 ans, notre cercle d’amis n’est pas forcément le même que dans la cour de récré.

En revanche, une partie des liens qui se sont créés au cours de notre vie sont moins évidents à faire évoluer :

  • parce qu’ils passent inaperçus ou qu’on ne pense pas à les remettre en question (c’est le moment de relire notre billet de février sur le pouvoir de l’attention);
  • parce qu’on pense à tort qu’il nous font du bien ou parce qu’ils répondent à de faux besoins (coucou la publicité);
  • parce qu’on en est devenus dépendants (si tu n’as pas encore regardé “Derrière nos écrans de fumée” qu’on a mentionné dans notre précédent billet, c’est peut-être le moment).

Ce sont ces liens là qui nous donnent du fil à retordre. C’est parmi eux que se cachent ceux qui ne répondent pas (ou plus) à un besoin naturel et nous éloignent de l’essentiel. Les liens qui nous aliènent et qui méritent un bon coup de balai. Et il se trouve que ce sont souvent ces mêmes liens qui abîment notre planète. D’une pierre deux coups !

Imagine un peu, si on arrivait à s’affranchir de tous ces liens toxiques ? Si on parvenait à renouer avec notre être essentiel, notre raison d’être, de vivre ? Est ce que la vie ne serait pas un poil plus simple ?

Et en pratique dans ta vie, ils prennent quelle forme ces liens ?

Avant toute chose, il est important de garder en tête que même s’il peut paraitre difficile de se détacher de certains objets, relations ou habitudes qui font partie de notre vie, cela permet également systématiquement de laisser de la place pour d’autres choses (d’autres relations, plus de temps, de l’espace mental, de l’énergie, etc).

Il peut être très efficace, quand tu choisiras ce que tu souhaites abandonner, d’essayer d’identifier ce à quoi tu vas dire “oui”. Parce que renoncer, c’est pas notre tasse de thé à nous les humains. L’idée c’est donc que tu actives une bascule émotionnelle qui va rendre ce changement plus facile, en te focalisant sur ce qui le rend désirable et souhaitable pour toi, sur ce que tu y gagnes plutôt que ce que tu y perds (ou pense y perdre).

Malgré tout, ça remet souvent beaucoup de choses en question, alors prends ton temps et n’oublie pas d’y mettre une dose trèèèès généreuse de douceur, de patience, d’indulgence !

Si tu as envie d’essayer, voici une petite feuille de route sur laquelle tu peux t’appuyer dans les prochaines semaines pour dresser un petit inventaire des “liens à trier”. L’intention est de t’aider à identifier les éléments auxquels tu es attaché·e, ce qu’ils t’apportent réellement et de se servir de cette base pour les trier et décider quoi en faire.

  • Si tu veux être sûr·e de t’y tenir, commence par définir des moments de réflexion dédiés, à une fréquence qui te convienne et qui te semble réaliste : à la fin de la journée, pendant ta pause déjeuner, un moment le samedi matin…
  • Identifie et note dans ton plus beau carnet ce qui a constitué l’essentiel de ta journée, matinée, semaine…
  • Interroge chaque élément, en t’appuyant si tu le souhaites sur la petite liste de questions qui suit.

Le champs d’étude est vaste. Si ça te semble plus efficace, n’hésite pas à te concentrer sur un des quatre champs d’investigation, et à répéter ce processus plus tard pour les suivants, si tu trouves qu’il t’a aidé·e à avancer dans le bon sens.

Objets et technologies

Qu’attends tu des objets qui t’entourent ? Qu’il s’agisse de tes meubles, tes vêtements, tes outils technologiques, tes livres, etc essaye de dresser une liste relativement exhaustive des objets qui font partie de ton quotidien et analyse ton rapport à ces objets ? Qu’est ce qu’ils t’apportent concrètement ? Pourrais-tu t’en passer ?

Qu’attends-tu des technologies ? De ton téléphone portable ? Des réseaux sociaux ? Idéalement, qu’est ce que ces technologies pourraient t’apporter ? Est-ce le cas actuellement ou t’apportent-elles d’autres choses ? Des choses utiles ? Inutiles ? Quel est le temps que tu leur consacres ?

Relations

Qu’attends-tu de tes relations ? Avec ta famille, ton/ta conjointe, tes enfants, tes ami·es, tes collègues ? Quels sont les êtres auxquels tu tiens ? Quels sont ceux qui te font du bien ? Est-ce que le temps que tu leur consacres te sembles satisfaisant ?

Habitudes et comportements

Quelles habitudes peux-tu identifier dans ton quotidien ? Est-ce qu’elles te font du bien ? A quelle époque de ta vie les as-tu mises en place et pourquoi ? Est-ce qu’elles te sont toujours utiles aujourd’hui ?

Quels comportements récurrents as-tu pu mettre en lumière ? Est-ce qu’ils reflètent des valeurs qui comptent pour toi ?

Croyances et systèmes de pensées

S’agissant de nos croyances et de nos pensées, nous t’avons donné en février pas mal de pistes de réflexions pour apprendre à mettre ton attention au bon endroit et porter un regard critique sur les informations, croyances et pensées qui peuplent ton quotidien, et sur cette base, identifier dans quelle mesure elles te servent ou te font du tort.

Si en répondant à ces questions, tu te rends compte que certains comportements, objets, relations ne répondent pas à l’idéal de vie que tu t’es fixé et que ça serait quand même chouette de les changer, alors c’est bon, on peut attaquer la 2ème étape : le tri.

Quels critères pour faire le tri ? Comment s’y prendre en pratique ? Loin de nous la prétention de répondre à ces questions de manière exhaustive. On partagera en toute humilité dans le prochain petit billet quelques idées qui ont fonctionné pour nous.

Scroll to Top