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En quoi l’éco-anxiété est-elle une formidable opportunité ?

Une fois qu’on a pris conscience de l’urgence, de la complexité et de l’ampleur de la crise écologique, on ne peut plus revenir en arrière. La pilule rouge est avalée. L’éco-anxiété s’installe et elle risque bien de nous accompagner sur une bonne partie de notre chemin. Un poil plombante comme compagne de route.

Parfois notre éco-anxiété se fait discrète et elle nous laisse un peu souffler. Mais elle peut revenir à tout moment à l’occasion d’une nouvelle actualité dans les médias, d’une nouvelle canicule en plein mois de mai ou encore d’une phrase sortie au repas de Noël par tonton climatosceptique.

Alors comment on s’y prend quand on vit avec cette colloc-mentale un tantinet pot de colle ? Et bien on apprend à devenir son ou sa meilleur.e ami·e et à en faire une alliée. Dans son quotidien, dans son rapport au monde et dans son engagement au service de la transition écologique.

Voici plusieurs opportunités que notre éco-anxiété peut faire émerger dans nos vies si prend le temps de l’interroger (liste non exhaustive bien sur).

(Re)trouver du sens

Quand le rideau du déni se déchire, il y a un avant et un après.

Passée la phase de sidération, il devient clair qu’on ne peut pas continuer comme avant. On peut alors saisir cette occasion pour questionner nos aspirations, nos besoins, nos essentiels et choisir de (ré)inventer notre vie autour de ces ingrédients indispensables qui donnent à la vie sa saveur et sa profondeur :

  • du sens : dans nos actions, nos choix de vie, notre travail, nos relations, notre rapport au monde, aux autres, au Vivant, à tout ce qui nous semble important.
  • de la conscience : conscience de la portée de nos actes, conscience de la beauté du monde, conscience de ce qui nous rend heureux·se, conscience de notre interdépendance, de notre place microscopique dans ce monde mais de la place incommensurable de nos proches dans notre vie.
  • de l’essentiel : en abordant la sobriété sous un angle différent de celui de la contrainte (il faut que j’arrête de prendre l’avion, il faut que j’arrête de manger de la viande), on peut décider de de remplir différemment certains espaces rendus disponibles par ce à quoi on choisit de renoncer (du temps pour des relations de qualité, l’amitié, le rire, l’apprentissage, la création, la contemplation, l’émerveillement)

Anticiper les chocs à venir

La lucidité est une formidable alliée dans notre vie, quand on est éco-anxieux·se. Elle nous permet d’envisager ce qui peut potentiellement arriver à l’avenir et de faire un certain nombre de choix, personnels et/ou professionnels qui vont nous aider à mieux nous préparer aux changements qui vont advenir, avant qu’ils ne nous soient imposés.

On prend donc le temps de se questionner sur :

  • ce qui est réellement important pour soi
  • les qualités et aptitudes à développer pour favoriser notre adaptabilité et naviguer plus sereinement dans ce contexte incertain

On s’éloigne petit à petit d’un système consumériste et surconnecté pour (re)trouver un lien plus qualitatif à soi, aux autres et au Vivant (ça tombe bien, c’est plutôt vers ça qu’il faut tendre pour favoriser la survie de notre espèce sur cette planète).

Bien sur que ces changements (intérieurs et extérieurs) ne se font pas du jour au lendemain. Bien sur qu’il faut du courage pour s’extraire d’un système qui met tout en œuvre pour nous détourner de l’essentiel au profit de besoins artificiels. Plus tôt nous amorçons ces changements pour nous mêmes, plus nous disposons de temps pour les mettre en place en douceur.

En activant ces changements de manière volontaire, les chocs seront moins rudes à l’avenir et on sera donc mieux préparés à affronter la suite.

Prendre part à un défi civilisationnel unique

Ce bouleversement écologique est probablement le plus grand défi auquel l’espèce humaine fait face depuis son existence.

Deux choix s’offrent à nous :

  1. Rester spectateur ou spectatrice et subir les changements (positifs ou négatifs, de gré ou de force)
  2. Se saisir de ce défi en y apportant son énergie, sa personnalité, sa vision et ses envies

Certes, l’avenir qu’on entrevoit pour le moment est sombre et anxiogène. Mais ne pourrait-on pas changer notre angle de vue en se disant que cette crise écologique est une formidable occasion de faire advenir un monde meilleur ?

Après tout, le mot “crise” en chinois est composé des idéogrammes signifiant “danger” et “opportunité”.

Quelles que soient les émotions qui caractérisent notre éco-anxiété pour le moment, nous pouvons les transformer en émotions plus mobilisatrices et fédératrices : engagement, courage, espérance… Nous pouvons en faire des leviers d’action au service de ce qui nous tient à cœur : un monde plus juste, plus équitable, plus respectueux, un monde qui fait envie quoi !

L’avantage si on choisit la deuxième option, c’est qu’on se rend compte rapidement qu’on est loin d’être seul·e. Au contraire, on peut rencontrer des personnes passionnantes et engagées, on peut rejoindre des projets innovants et stimulants, le champ des possibles s’ouvre à nous et c’est joyeusement vertigineux.

Développer son esprit critique et nourrir sa curiosité

La plupart des personnes éco-anxieuses que l’on rencontre nous disent la même chose. Une fois qu’on a pris conscience du problème, on a envie d’en savoir plus, on apprend sur des sujets aussi variés que passionnants, on enrichit notre compréhension du monde, on se cultive.

Cela nous pousse également à aiguiser notre esprit critique (que notre monde actuel a plutôt tendance à endormir de bien des manières).

Ce qui s’en suit, c’est une lutte acharnée contre l’ignorance, la simplification, la polarisation. C’est un refus catégorique de tout voir en noir ou blanc. C’est une obstination à mettre de la nuance, à ne pas s’auto-proclamer expert·e sur tel ou tel sujet.

Et plus on en apprend, plus on gagne en humilité car on comprend que tout est toujours plus complexe que ce qu’on imaginait.

S’il est sans limites, ce tourbillon de connaissances ne donne étrangement pas mal à la tête. Au contraire, il s’auto-alimente et nous donne envie d’aller plus loin. Il nous élève dans notre humanité à mesure qu’il nous remet à notre place et nous extrait d’un système anthropocentré.

Alors soyons curieux·se, remettons en question nos croyances, nos convictions, allons à la rencontre des personnes qui pensent différemment de nous, grandissons collectivement !

Tisser des liens et cultiver l’altruisme

Chez Ecorce, nous avons une conviction forte, partagée avec une vaste majorité des éco-réveillé·es du monde entier : la résilience sera collective ou ne sera pas. Vous pouvez faire tous les stages de survie que vous trouvez et apprendre à être relativement autonome. Mais seul·e, il est fort peu probable que vous vous en sortiez. Et quand bien même vous y arriveriez, ce ne serait pas vraiment joyeux comme vie.

Alors on fait quoi face à ça ? Et bien, on se rassemble, on apprend à connaitre plus de gens et à les connaitre mieux. On muscle nos compétences de solidarité, d’entraide, d’altruisme.

Il parait que les relations, c’est ce qui rend vraiment heureux.se1. Ca tombe bien. On s’y met ?

En (re)prenant conscience de notre interdépendance avec les autres et le Vivant, on développe une sensibilité particulière au lien. Et ça motive à en prendre soin.

Du renforcement de ces liens, on tire plus de force, plus de puissance de manière collaborative. Une force et une puissance construites sur la collaboration, plus durables, stables et à la saveur plus douce que celles que nous tirons des rapports de compétition. Et c’est de ça dont nous avons cruellement besoin ces derniers temps.

Alors oui, soyons fières et fiers de notre éco-anxiété, n’essayons pas de la fuir ou de la faire taire.

Revendiquons là comme un signe de bonne santé émotionnelle.

Mais écoutons ce qu’elle a à nous dire. Transformons la en vision, en puissance, en envie. Tout est à construire et notre lucidité sur la situation, notre sensibilité au Vivant sont des atouts indiscutables. A nous de choisir comment le jouer dans le jeu de la vie.


  • Un très bel épisode du podcast “La vie mode d’emploi” avec Alice Desbiolles, pour explorer les liens entre crise écologique et crise de sens
  • Le livre “Une autre fin du monde est possible” de Pablo Sevigne, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, notamment le chapitre sur les ontologies pour découvrir d’autres façons d’être en lien avec notre environnement.
  1. Ted Talk de Robert Waldinger sur l’importance des relations. Il y partage les conclusions de la plus longue étude jamais réalisée sur le bonheur qu’il a contribué à coordonner. ↩︎
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